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Notre passion pour ces petits papiers carrés, rectangulaires et même triangulaires qui sont parfois encore gommés, sur des correspondances ou plus étrangement en paires inversées (têtes-bêches pour les intimes) étonne encore et toujours.

Dans ces heures difficiles, où les pays les uns après les autres ont été touchés par cet ennemi invisible, malgré les rayons de soleil printaniers, faussement résignés, nous autres sortons de l’ombre de nos armoires des albums, passons dessus des heures puis nous les rangeons précieusement à leur place.

Cette activité, sorte de rituel peu compréhensible même auprès de nos proches, nous aura dépaysé, rendu heureux et peut être un désir commencera à résonner en nous de trouver les pièces qui viendront la prochaine fois s’ajouter à nos pages.

Ce virus non mortel s’appelle la philatélie, il s’attrape soit par un contact direct, soit par un contact indirect avec une pince. Nous pourrions penser qu’une loupe est un geste barrière suffisant mais elle ne nous protège pas non plus. Pire, elle accentue même, en nous faisant découvrir de plus près, l’effet provoqué par la précision des détails des dessins imprimés en taille douce. Ce procédé d’impression est de loin le plus dangereux de par la beauté de son résultat. Depuis le 1er mai 1840, avec le One Penny black immortalisant la reine Victoria dans la jeunesse du début de son règne, les imprimeries des pays du monde entier n’ont eu de cesse d’imprimer de manière croissante de nouveaux modèles, réalisés par des artistes talentueux, représentant des effigies allégoriques, des personnages célèbres, des événements historiques et plus encore.

L’histoire aurait pu en rester là mais de manière soudaine des collectionneurs sont apparus, collectionneurs souhaitant posséder les joyaux postaux de leur nation mais très vite aussi de pays plus lointains faisant partie parfois d’empires coloniaux. Un flux d’échange de ces petits papiers sur les correspondances et dans les correspondances fermées parfois avec des cachets de cire (lettres chargées) se démultiplièrent à travers les décennies, traversant le 20ème siècle et dépassant même l’année 2000 synonyme de l’avènement de l’ère du 2.0. Cette résistance temporelle est sans commune mesure.

Et malgré les demandes répétées de conjointes et conjoints de philatélistes, à ce jour aucun des instituts Pasteur n’a décidé de se pencher sérieusement dessus afin de trouver un quelconque vaccin.